“7h15: Je m’insère sur l’A23. Brusque ralentissement. Je suis dans le bouchon à la jonction entre les deux autoroutes. Je ne suis qu’à 1km de ma sortie mais je vais encore y passer du temps”
“18h45 : Depuis le temps que je fais ce trajet, je me suis aperçu que lorsque je quitte la zone en même temps que les salariés de la société Y je perds entre 10 et 15 minutes pour rejoindre l’autoroute”
” 19h35 : Quand je pars plus tard, je mets beaucoup moins de temps mais je vois beaucoup moins les enfants. La soirée passe très vite”
Le constat de l’engorgement sur la route et dans les transports en commun aux heures de pointe a amené la Région Hauts de France et la Métropole Européenne de Lille à rechercher des solutions d’ordre temporel pour limiter ce phénomène. Entourées d’un comité partenarial élargi, les deux institutions ont lancé l’expérimentation « Heures de pointe, testons des idées de pointe » en Avril 2015. Deux terrains d’expérimentation ont accepté de tester concrètement ces solutions : La zone d’activités de la Haute Borne – 4 cantons à Villeneuve-d’Ascq et le Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille (CHRU).
4 semaines pour tenter d’éviter l’heure de pointe
Pendant un mois, les salariés de la zone d’activité Haute Borne- 4 cantons et du CHRU de Lille se sont prêtés à une expérimentation sans précédent. Ils ont testé de nouveaux modes de déplacements, pris en main les outils d’information en temps réel et/ou modifié l’organisation de leur journée (décalage des horaires, télétravail,…) pour éviter l’heure de pointe. En parallèle de ces tests en situation réelle, ils ont rempli un journal de bord pour recueillir leurs impressions et prendre du recul sur leurs habitudes. L’ensemble de la démarche a été accompagnée par le CEREMA Nord-Picardie et le cabinet Flexineo.
Des freins principalement liés au poids de la routine
L’expérimentation a permis de montrer que les changements de mode de déplacement ou d’organisation étaient particulièrement difficiles. Selon les chrono-testeurs, «faire bouger » les horaires, c’est provoquer une perturbation collective des systèmes d’organisation. Il faut réinterroger les routines et négocier avec son cercle professionnel, familial, scolaire et parascolaire. L’effort que cela implique est pour certains trop important. D’autres chrono-testeurs ont évoqué le regard des autres comme limite au test de nouvelles solutions. Arriver plus tard ou partir plus tôt du travail, télétravailler, prendre le métro avec un vélo pliant, sont autant de solutions qui n’ont pas été adoptées car elles impliquent de se distinguer des pratiques habituelles.
Des leviers puissants dès que l’on accompagne le changement
Malgré les freins évoqués plus haut, plusieurs chrono-testeurs ont passé le cap et ont changé leurs pratiques. L’accompagnement et le conseil personnalisé dispensés tout au long de l’expérimentation ont beaucoup facilité les choses. Du fait de sa durée limitée et de son caractère collectif, le principe même de l’expérimentation a permis a certains d’oser changer. Enfin, le principe ludique d’auto-évaluation de ses performances grâce au prêt d’un podomètre a particulièrement séduit les participants qui se sont immédiatement pris au jeu.
En conclusion, l’expérimentation “Heures de pointe, testons des idées de pointe” a mis en exergue l’importance de l’accompagnement au changement pour assurer la réussite de ce type de projet. La poursuite du projet s’axera donc prioritairement sur une communication à destination des salariés et des employeurs pour poursuivre la sensibilisation. L’organisation d’évènements type challenge ou expérimentation éclair pourra également permettre de mettre le pied à l’étrier de nouveaux chrono-testeurs. Enfin, l’encouragement d’une démarche de compagnonnage de la part des précurseurs est une piste à ne pas négliger pour démultiplier les effets de cette première expérimentation.