Aménagement Urbanisme Les Temporelles

Dans l’espace public, le “nous” ne va pas forcément de soi !

Une série d’articles et de sujets à découvrir lors des Temporelles 2023 à Lyon

©Bfluid

Sonia Lavadinho, est anthropologue et sociologue urbaine, prospectiviste, urbaniste et auteure, entre autre, de ” la ville relationnelle”. Elle sera lors de nos prochaines Temporelles 2023 un de nos témoins sur le sujet « du partage et de la convivialité dans l’espace public ».

Dans ce billet, elle revient sur le sujet de l’hospitalité pour nos espaces communs, car « le nous ne va pas forcément de soi »; cela demande à chacun d’élargir les lisières de son « je » pour occuper mieux, en co-partage, l’espace public, en adoptant une culture commune dans le partage de l’espace.

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« Plongés dans l’anonymat de la ville pour le meilleur et pour le pire, nous avons pu croire un instant en notre singularité : l’indépendance de chacun d’entre nous face au monde. Cette illusion prométhéenne s’est traduite par un double découplage dans nos rythmes d’inter-action avec l’en-dehors : entre le moi et le nous, entre le monde naturel et le monde urbain.

(…) Exit, la Ville du Dehors qui demande un engagement constant de tous nous sens en éveil. C’est la Ville du Dedans qui règne désormais sur l’immense majorité de nos heures éveillées. Ce placenta de béton, métal et asphalte nous rend complaisants. Bercés par nos espaces artificialisés, il est facile de nous en convaincre : la nature est hors d’atteinte, et elle ne peut nous atteindre. Les autres, tous ces autres qui nous entourent constamment, restent nos illustres inconnus. Nous avons beau partager jour après jour les mêmes espaces, ils résident en dehors de nous. Le gars qui ose toujours passer devant tout le monde lors de la queue du petit matin à la boulangerie en quête d’un café-croissant. Cette vieille dame qui croise notre regard pour obtenir le dernier siège libre dans le métro. La coureuse à la petite foulée qui nous dépasse dans la brume lorsque nous entamons le tour final du parc – comme c’est rageant ! A force de les croiser par hasard jour après jour, dans notre tête des intimités finissent par s’établir avec ces inconnus familiers. Mais nous tenons à notre anonymat. A notre identité. A notre indépendance. Pas question d’entrer en relation. A chacun son monde. 

(…) Je plaide ici pour un autre récit étiologique qui saurait trouver dans nos interdépendances au sein de ce mundo nostro une fraîche diplomatie nous permettant enfin d’inter-agir, comme le propose Baptiste Morizot, vivants dans ce Vivant plus grand que nous, plus grand que la somme de toutes nos parties. Vivre pleinement ces interdépendances qui nous co-construisent implique justement de réaménager nos espaces en partage pour pouvoir entrer en relation.

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