Episode 1 – Université de Poitiers, Strasbourg EuroMetropole et ville d’Avignon
Après vous avoir rappelé ce qu’étaient les Bureaux des temps, nous avons décidé de donner à voir, tous les deux mois, les actions temporelles engagées par nos territoires adhérents, ou les chercheurs ou experts du sujet. Autant d’illustrations concrètes de déclinaisons temporelles locales, qui peuvent ensuite être reproduites, démultipliées autant que possibles sur d’autres territoires. Vous hésitez encore à adhérer ?? Il est temps de sauter le pas… Rejoignez-nous !
Chantiers « temps » à Université de Poitiers » présentés par Dominique Royoux,
Vice-Président de Tempo, et enseignant-chercheur à l’Université de Poitiers ; il fût auparavant en charge de l’Agence des temps de Poitiers, expérience sur laquelle il s’est appuyé pour préfigurer le Bureau des Temps actuel de l’Université.
Face à la désynchronisation et à la pression des temps au sein de l’université, tout a commencé par une enquête « temps et conditions de vies des étudiants » qui a été le point 0 de la démarche. Avec 4500 réponses sur les 30 000 étudiants, ceci a permis la création de la mission temps à l’Université au sein du pôle « vie de campus » animé par un poste à mi-temps, après les Temporelles en 2021 consacrées au sujet. L’important c’est que la « mission temps » est installée au sein de l’université.
De là, est née une action sur les emplois du temps entre midi et deux : «comment mangent les étudiants ? », eux qui connaissent souvent des contraintes de temps, les conduisant à déjeuner dans les salles de cours ! Ce qui a été acté à la suite de cette démarche : aucun des cours ne peut être programmé si les étudiants n’ont pas 1h30 minimum comme temps de pause méridienne. Ce qui était visé, c’est avoir une vraie pause d’une heure et demie, mais après les étudiants en font ce qu’ils veulent : activités associatives ou syndicales, ou repas ! Ce qui était recherché, c’est que cela soit un vrai temps de respiration, collectif, bien utilisé, et pas contraint.
Cette démarche a servi de point d’appui pour aller plus loin encore sur «une meilleure organisation du temps des études », avec une autre action à venir s’appuyant sur un comité de pilotage fort : « La coordination des horaires des services de l’université ».
Ce comité traite une question tous les 5 mois, dont une, récurrente à traiter : « la mobilité », puisque beaucoup d’étudiants viennent en voiture. Autre problématique à aborder : le travail des étudiants salariés/ études avec un chantier à engager avec la restauration rapide, pendant le WE afin de ne pas pénaliser le temps des études.
Strasbourg Eurométropole : « des rythmes et des bancs », présentés par Marina Lafay,
vice-présidente Tempo, et Conseillère déléguée aux temps à Ville et EuroMetropole de Strasbourg
Il s’agit d’un projet en cours qui concerne les bancs et les assises sur l’espace public à Strasbourg. La question semblait d’importance pour les personnes âgées ou à mobilité réduite afin de « permettre la marche pour tou.te .s » mais aussi de promouvoir la marche à pied. Elle renvoie à la question du rythme dans la ville, et au temps de la pause.
Tout d’abord, un recensement complet des bancs et assises a débuté, et il est en train d’être affiné (soit 10 000 assises environ selon la géomatique). Dans notre stratégie, on réfléchira désormais à la question du lieu d’implantation (par rapport à des arbres par exemple pour chercher de l’ombre), à la distance nécessaire et recommandée entre les bancs afin d’inciter à la marche pour tous… Il nous faut penser la diversité des usages, des temporalités, des cibles.
Ainsi la question des saisons (qui renvoie aussi aux politiques temporelles) est un vrai sujet. On peut penser par exemple qu’il peut être judicieux de ne pas sceller, tout de suite et définitivement, les bancs pour les tester, et éventuellement les bouger, selon la saison.
Le format des assises nous questionne également : quand on fait une veille, on s’aperçoit que certains types de bancs ne sont pas forcément adaptés à des pauses confortables pour tout type de public. L’assise par exemple est-elle adaptée pour aider les personnes âgées à se relever ? Notre but à travers l’assise est aussi de proposer des espaces plus protégés, plus « zen » et de mieux penser la pause en ville. Une action a déjà vu le jour dans le cadre des festivités « Strasbourg mon amour » (animation annuelle à Strasbourg pour la saint Valentin) avec un banc monumental et rose, signal d’un début d’actions sur les assises.
La question des assises croise aussi avec la politique stationnement qui est en cours de lancement. Cela renvoie aussi au sujet du partage de l’espace. C’est donc aussi proposer en lieu et place du tout voiture, des espaces de vie, des communs.
On est au cœur d’un autre rythme dans la ville.
Installer certains types de bancs nous permettrait de penser et proposer le temps de prolongation de l’école dans des parcs, mais aussi du télétravail dehors … Nous en sommes encore au tout début du projet. Les jeunes étudiants en design ont fait à la rentrée de belles expérimentations, sur 3 jours, en modelant progressivement, avec les habitants qui passaient, des objets d’assises aux fonctions diverses (jeu, travail, contemplation…). Nous aurons bientôt les restitutions en fin d’année scolaire.
Ce « plan bancs » est un projet qui apparait important car systémique, mais il n’était pas programmé au début du mandat. Il faut donc prendre en compte les freins concernant par exemple nos moyens, sujet crucial en ce moment avec les priorisations nécessaires du fait de la crise énergétique et de l’inflation.
Finalement à travers cette action nous abordons aussi la question de la conciliation des rythmes. Des études nous montrent qu’il y a aujourd’hui une aspiration à décélérer. Penser et proposer un vrai temps de pause en ville est une réponse. Cela exclut (et c’est aussi du fait de notre politique numérique responsable) par exemple les bancs connectés. Car nous souhaitons pouvoir mettre à disposition des assises invitant au repos, à la relaxation et à la convivialité.
Ville d’Avignon : chantiers et actions temporelles, présentés par Marie-Anne Bertrand,
élue déléguée aux temps de la ville
Un diagnostic du territoire, à partir de l’enquête Ménages Déplacements, a été réalisé par les étudiants en masters Géographie-Géomatique et Projets Territoriaux, qui a débouché sur des préconisations et des formations pour les élus, sur le thème des temporalités. Ceci a entrainé plusieurs actions : un travail sur les horaires et le fonctionnement des piscines, sur les horaires d’ouverture des bibliothèques et des travaux sur la mobilité : ville des courtes distances, de l’ecomobilité, avec fond d’aide achat de vélos, une signalétique particulière pour encourager la mobilité à pied, le développement de la zone piétonne les mercredis et samedi après-midi, et l’Aménagement des remparts.
A ceci s’ajoute le Plan faubourgs, un travail qui vise à effacer la rupture entre l’intramuros et les faubourgs : multiplication des zones à 30km/h en ville, réduction du trafic de transit en hiérarchisant à nouveau les axes des faubourgs pour préserver les petites rues, les transformer en voies de desserte, rééquilibrer les usages entre véhicules motorisés et modes actifs. Ex : une Action avec les écoles : pedibus, avec la difficulté de conduire le projet sur le long terme.
L’animation tout au long de l’année : le développement du réseau des bibliothèques : cinq bibliothèques, plus une bibliothèque éphémère, la Bibliothèque Ephémère Jean-Louis Barrault au Clos de la Murette en attendant la rénovation de celle-ci dans le cadre de l’ ANRU. Un Bibliobus et une Idéa Box sillonnant la ville permettent l’accès aux ouvrages dans tous les quartiers, aussi bien pour consulter que pour emprunter.
Au-delà du Festival, un été à Avignon : temps intergénérationnel riches et variés pour ceux et celles qui n’ont pas la chance de partir en vacances et Hélios Festival en aout, spectacle gratuit son et lumière, à partir de la tombée de la nuit, avec des déambulations nocturnes. Plus globalement, la ville s’est lancée sur un travail de réflexion sur les usages de la ville nuit/ jour avec l’élaboration d’une charte de la nuit.
A cela s’ajoute plusieurs services à la population : transformation des mairies annexes en maisons communes : guichet unique pour les usagers. Réflexion sur une ouverture étendue en soirée ; ceci est en débat.
En interne, la ville a travaillé avec ses agents le passage imposé aux 1607 h de travail avec 8 plages de travail possibles et une enquête mobilité est en cours pour déployer un Plan de Mobilité d’administration.