du temps pour soi, du temps pour les autres – vers un droit au(x) temps en Europe
Ce furent des Temporelles denses, riches, sur un sujet majeur à ce jour : notre droit au(x) temps pour nous, pour les autres …
Mr Younous Omarjee, vice-président du Parlement européen nous a accueilli chaleureusement en rappelant qu’un des marqueurs de notre société c’est l’accélération, la vitesse ; ainsi, la conquête du temps pour soi et pour les autres, est un véritable challenge, un projet révolutionnaire car le temps est un bien précieux ! Pour lui, il est temps d’adapter nos biens publics, tout comme les espaces publics pour nous re-approprier le temps. Pour lui, il est central pour les élu.e.s de réfléchir à ce sujet. Ces Temporelles renvoient ainsi à la finalité de l’action publique qui est, in fine, le bonheur des citoyen.ne.s. Repenser notre rapport au temps pour repenser un autre monde, autre que celui de la consommation permanente.
Après un accueil Mme la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian pour qui ce plaidoyer européen du “droit aux temps” est essentiel, Marina Lafay, adjointe à la maire de Strasbourg et Présidente de Tempo a remercié notre vice-président français du parlement pour ses mots inspirants et engagés, sur notre thématique phare et fondamentale pour la qualité de vie des européens. Elle a rappelé que le droit au temps est un véritable levier de justice sociale. Même si les politiques temporelles ont 20 ans, le sujet est encore brûlant quand on évoque la “pauvreté temporelle” dont notre société fait preuve en particulier pour les femmes. Le droit au temps est ainsi essentiel et l’Europe doit jouer un rôle central pour plaider ce droit au temps pour une Europe de la justice sociale. Pour elle, il est temps de passer à l’action pour considérer le temps non pas comme une contrainte mais comme une ressource.
Des sphères de résonance nécessaires…
Autre temps fort avec la conférence introductive de Hartmut Rosa sur les effets de l’accélération dans nos sociétés et la notion de résonance.
Son propos commence avec une définition des 3 notions du temps : notre temps quotidien , notre biographie personnelle du temps et le temps sociétal. Une “bonne” vie, de qualité, peut exister en imbriquant astucieusement ces 3 niveaux. OR, il y a une désintégration progressive entre ces 3 niveaux de temps qui mène à une désynchronisation des temps ..voir in fine à un burn-out ! Pour lui, il faut dépasser les politiques temporelles, il faut changer la structure du temps.
Il ajoute : « Je n’ai pas la solution » mais la création de « sphères de résonance » pourrait être un début important.
En effet, cela a certainement été un leitmotiv dans les différentes interventions et discussions au cours de nos 2 jours des Temporelles. Hartmut Rosa insiste sur l’origine de ces agendas bien remplis : les attentes et les ambitions nombreuses et élevées que nous avons dans nos divers rôles dans la vie quotidienne. C’est d’ailleurs ainsi qu’il conclut les discussions à l’issue de sa conférence du vendredi matin ; « Nous devons créer des espaces de loisirs où il n’y a pas d’attentes sur l’utilisation du temps » pour chacun d’entre nous, mais surtout pour les aidants de tous âges.
Au cours de la journée, des initiatives existantes inspirantes ont été présentées comme « Moi et mes Enfants » par Olivia Barreau et le SIME Strasbourg par Clémentine Gavarini. Au-delà de ces cas pratiques (importants pour les acteurs de l’urbanisme ou des politiques locales), la revendication de mettre le thème transversal du temps à l’agenda politique au niveau européen est primordial.
le temps du Care, le temps des enfants surbookés
Deux sujets majeurs et centraux qui ont été traités lors de nos journées.
Savez-vous que 44 millions de gens en Europe sont des « proche aidants », que cela représente un coût économique énorme et une part du PIB très importante. Et bien sûr, la majorité (65%) sont des femmes ! Pour soutenir ces aidants des initiatives voient le jour. Ainsi à Strasbourg, Floriane Varienas, adjointe à la maire, en charge de la ville inclusive a abordé la thématique des aidant.es et leur prise en compte dans nos politiques publiques.
« Comment par notre rôle de proximité en tant que ville, nous pouvons être aux côtés des aidants et aidantes ? Que ce ne soit pas l’aménagement des règles de stationnement (possibilité pour les aidants de bénéficier du tarif résidant de la personne aidée), les groupes de parole organisés en ville et en interne à l’euro métropole (cafés des aidants). Nous avons aussi parlé des situations de personnes en grande vulnérabilité où il n’y a pas d’aidant nature et de comment les pouvoir publics doivent être aux côtés de toutes et tous.
il faut donner du temps au temps des enfants »
Anne Jeger, psychologue clinicienne, nous a parlé du temps des enfants, de la génération « dépêches toi ! ». Elle nous a expliqué toutes les sortes de pressions que subissent les enfants, avec la recherche de la performance à tout prix, y compris dans le scolaire et l’extra-scolaire. Pourtant, il faut laisser du temps aux temps, du temps à ne rien faire, du temps à rêver. Elle revendique le temps à l’ennui, pour que l’enfant puisse construire sa maison intérieure.
Strasbourg, la capitale mondiale du temps 2024, une Une dimension internationale …
Le fait d’avoir été accueilli au Parlement européen, et d’avoir réuni des acteurs jeunes et bien établis, des chercheurs, des politiciens, des politiques temporelles a donné une dimension internationale à ces Temporelles 2024 et a été un moment d’échange pour les acteurs et les partisans de la Time Use Initiative – TUI.
Ainsi, ajoute Marta Junqué, de la Time Use Initiative, aujourd’hui marque le début d’une journée intense pour faire avancer un moment politique crucial pour les politiques du temps en Europe. Ces temporelles ont été l’occasion pour elle , d’une rencontre avec les membres du Parlement européen qui ont signé le manifeste en faveur du droit au temps en Europe, afin d’établir une feuille de route qui intègre cette question dans l’agenda européen.
* attention ! cet article ne rend pas compte de l’intégralité des interventions qui seront à lire prochainement dans les Actes officiels