Photo : Les membres du groupe territorial avec Yves GOURLET, représentant de la FEP Grand Est
Ce 5 juillet, le siège de Dijon Métropole a accueilli plus de 80 participants, parmi lesquels la Préfète de la Région Bourgogne Franche Comté et le directeur général de la FENI pour participer à une journée d’échanges sur le travail en continu / en journée. Un temps qui clôt une première étape de 18 mois pleinement réussie et ouvre sur la poursuite de la démarche territoriale.
Au départ, comme le rappelle Océane CHARRET GODARD, Présidente de Créativ’ (Ex : maison de l’emploi et de la formation), une volonté de Créativ’. En lien avec la Métropole de Dijon, la FEP Grand-Est et le Fare Propreté, Créativ’, a souhaité constituer un groupe territorial regroupant des donneurs d’ordres publics, privés et des entreprises de propreté sur le sujet du travail en continu / en journée.
L’enjeu commun se décline en une question : comment sécuriser les parcours professionnels de femmes, d’hommes, agents de propreté, tout en garantissant un service de qualité ? « Nous avons une responsabilité collective sur ce sujet. » conclut la Présidente.
Il y a de cela maintenant un an et demi, Brigitte HERMOUET a été sollicitée pour aider à l’animation de ce groupe territorial et à l’organisation d’une manifestation d’envergure régionale.
Parallèlement à ce comité territorial, un dispositif d’accompagnement d’un premier ensemble de prestataires (Entretien dijonnais, GSF, ONET,…) et de donneurs d’ordres, (parmi lesquels Seb, La Poste, la Préfecture) a été mis en place par le Fare Propreté pour réaliser un diagnostic, imaginer et mettre en œuvre une nouvelle organisation favorisant la continuité, le travail en journée. Le dispositif est une des ressources proposées par la branche à ses adhérents et à leurs clients.
En ouverture des échanges, Chantal TROUWBORST, élue de la ville et de la Métropole de Dijon a invité les participants à être attentifs à la diversité des dimensions / enjeux qui sont abordés au travers de cette question. En écho, la Préfète a rappelé que le soutien et la participation de l’Etat sont motivés notamment par l’objectif d’emploi (lutte contre les difficultés de recrutement), et le levier que représente le travail en continu / en journée pour agir sur l’égalité entre les hommes et les femmes (en permettant une réduction du temps partiel subi, postes à temps partiel occupés à 80% par les femmes).
Pour Andreas LILL, directeur général de la FENI (Fédération Européenne du Nettoyage Industriel), 80% des prestations sont réalisées en journée dans les pays nordiques. Donc c’est possible, même s’il faut reconnaître que dans les autres pays, notamment les pays latins, cette organisation est minoritaire.
Les tables rondes ont été l’occasion pour les membres du groupe territorial de partager leur expérience, entre volonté, réussites, résistances. Illustrations :
- A l’occasion d’un déménagement dans de nouveaux locaux en 2012, la DIRECCTE a ainsi mis en œuvre de l’intervention en journée. Quelques réticences initiales ont disparu très rapidement après un peu de pédagogie !
- Sur 4 des sites de la Préfecture, les agents de propreté interviennent à partir de 16h30/17h : ils croisent donc déjà les occupants. L’objectif maintenant est de voir comment avancer l’heure de prise de poste pour permettre aux agents de pouvoir terminer à l’heure où certains d’entre eux ont des enfants à récupérer à la sortie des activités périscolaires.
- Différentes directions gèrent la propreté au sein de la Ville de Dijon. Une partie est effectuée en régie avec 50 agents. Ceux-ci travaillent depuis une dizaine d’année en journée. Ils ont le choix entre 6 plages de travail. Quelques-uns souhaitent toutefois continuer à travailler tôt le matin, en horaire décalé. Avec les prestataires extérieurs, les interventions se font en continu, sur le début de matinée (jusqu’à 9 ou 10h). Pour évoluer vers des horaires plus « tardifs », il y a nécessité de réfléchir en préalable sur la nouvelle organisation du travail, le cahier des charges, et d’intégrer pour cela les usagers dans la réflexion.
- GSF Orion, a étudié avec son client, le groupe La Poste la possibilité d’une nouvelle organisation. A savoir, le passage de 2 heures de prestation le matin et 2 heures le soir à 4 heures en continu, en journée. Les 3 salariés concernés, qui ont été interrogés, ont adhéré à la démarche qui améliore concrètement leurs conditions de travail et leur vie quotidienne. En complément, un document commun pour expliquer les bienfaits du passage en journée pour toutes les parties concernées a été produit par les 2 partenaires, puis diffusé aux occupants. Cependant, quelques retours de directeurs qui remettent en cause la pertinence de cette nouvelle organisation incitent La Poste à poursuivre l’explication et à décaler de deux mois le changement effectif d’organisation qui devrait avoir lieu à l’automne 2017.
En écho à cette réticence, plusieurs personnes ont témoigné du frein culturel lié à ce changement que certains n’imaginent ni souhaitable, ni faisable. Dans les même temps, les entreprises de propreté ont rappelé que le morcellement du travail de leurs agents est un frein au recrutement, auquel ils sont confrontés au quotidien.
Il reste donc encore du travail pour continuer à convaincre, diffuser, partager les expériences comme l’a relevé Yves GOURLET, le représentant de la FEP Grand Est. C’est ce à quoi va s’atteler le groupe territorial dès la rentrée. Avec comme l’a proposé Sabine HERRGOTT, déléguée régionale du Fare propreté la possibilité de mettre en place dès la rentrée un second accompagnement collectif, pour continuer concrètement à élargir le cercle des sites nettoyés en journée sur le territoire.
Cette initiative bourguignonne croise celle d’autres territoires et collectivités dont une partie sont des adhérents de l’association Tempo Territorial, à l’image de l’Eurométropole de Strasbourg, représentée par sa cheffe de projet « politiques temporelles », Marie JACQUIN PAVARD. Celle-ci a témoigné de l’engagement sur le sujet du territoire alsacien, en rappelant que le travail en journée est également l’occasion d’interroger la valeur sociale créée par les agents, dont le travail est trop souvent peu considéré. Un écho aux portraits des « agents de lumière » affichés à l’entrée de la salle.