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La crise, l’opportunité de repenser l’ouverture des services publics

une Tribune d’opinion parue dans la Gazette des communes du 20 janvier

par Tempo Territorial et sa présidente Marina Lafay

Et si, via les politiques temporelles, on repensait l’ouverture des services publiques par des solutions éprouvées et peu coûteuses ? Les changements de modes de vie ont un impact sur l’usage des services publics. Depuis 20 ans, des collectivités françaises se sont ainsi emparées des questions de temps avec des politiques dites “temporelles”, à l’instar d’autres pays européens. Avec une ambition fondatrice : mieux ouvrir les services publics, en phase au réel rythme de vie des citoyens et sans discrimination.

Face à la crise budgétaire, des élus questionnent aujourd’hui le maintien ou les horaires des services publics. Pour éviter la tentation de restreindre les services publics essentiels, il apparaît plus que jamais opportun de s’inspirer de l’expérience des politiques temporelles.

Les évolutions des rythmes et lieux du travail, télétravail, semaine en 4 jours, ou coworking, conduisent de plus en plus les architectes à revisiter l’usage classique des bâtiments. Les choix du quotidien directement liés aux nouveaux modes de travail évoluent également : pour aller en bibliothèque, faire garder ses enfants, réaliser des démarches administratives, va-t-on privilégier lieu de vie ou lieu de travail ?

En adaptant horaires et jours d’ouverture des services publics, les collectivités peuvent réaliser des gains non négligeables. Certains bâtiments à usage unique peuvent aussi avoir plusieurs fonctions selon les horaires, jours ou saisons. Exemple : une cour d’école ombragée mise à disposition d’un quartier pendant l’été, des crèches peuvent louer aux familles une salle le week-end…

Le fait d’ouvrir à de nouveaux horaires et de mixer les usages offre également aux populations l’opportunité de se côtoyer à proximité de leur domicile. Des métropoles comme Rennes ou Lille déploient ce multi-usage. Ne peut-on revoir également les lieux d’enseignement : y intégrer de nouveaux usages hors temps scolaire permettrait de mutualiser les coûts de gestion, tout en renforçant leur place symbolique. Un enjeu essentiel dans des territoires peu denses ou isolés, où se paupérise l’accès aux services publics. Bien sûr, ces changements ne sont pas simples, et peuvent soulever des freins, le principal concernant les agents eux-mêmes. Pour éviter de mettre en opposition le temps subi des uns (les agents) au temps choisi des autres (les habitants), la clé repose sur une concertation méthodique avec l’ensemble des acteurs.

Saisissons dès lors l’occasion pour penser le facteur temps dans nos politiques publiques. Par la considération des rythmes de vie, par la polyvalence du bâti. Répondant ainsi à la fois aux enjeux de satisfaction des besoins élémentaires, dans une logique servicielle de proximité et de sauvegarde des ressources monétaire et foncière.

lire la Tribune sur le site de la Gazette des communes